Je profite pour écrire un petit article suite à la plus récente course que j’ai faite : l’Ekiden.
Alors déjà qu’est-ce qu’un Ekiden ?
Le principe est simple : courir un marathon en équipe de 6 (soit une équipe purement féminine, soit masculine, soit mixte). Les relais sont répartis de la manière suivante : 5km – 10Km – 5km – 10km – 5km – 7,185km.
Pourquoi j’affectionne tout particulièrement cette course ?
Peut-être parce que la première fois que je l’ai faite nous avons terminé 3ème aux championnats de France d’Ekiden (forcément cela laisse un très bon souvenir).
Mais pas seulement pour cela…
Cette course nous montre que la course à pied n’est absolument pas un sport individuel.
Un esprit de partage : partager la joie, l’excitation, le dépassement, et la rage de donner le meilleur pour son équipe en se soutenant du début à la fin de la course.
Alors voilà un petit récap de mes 3 Ekiden…
Le premier : Championnats de France d’Ekiden Mars 2016
A Vendôme (charmante bourgade… non devrais-je plutôt parler de ghost city ?!).
C’est à ce jour ma plus belle course : les championnats de France d’Ekiden ce n’est pas rien, avec en prime un podium de 3ème, sous les couleurs de mon club adoré, le PUC (Paris Université Club).
Alors, nous n’étions absolument pas favorites ; en effet à la fin du passage de notre capitaine d’équipe et fusée, Maëlle, en première relayeuse (sur le 5km), le speaker nous l’a bien fait comprendre « contre toute attente, le PUC est première », ce qui nous a encore plus motivé.
Les passages de relais se sont succédés…pour arriver à Laurène la 4ème relayeuse (sur le 10 km)… une péripétie dont je me souviendrai toute ma vie je pense. Maintenant nous en rigolons mais sur le coup beaucoup moins. Notre petite Laurène a pris le parcours à l’envers (oui oui ce n’est pas une blague !!), ce qui nous a couté une place (passage de 2ème à 3ème) mais elle a quand même carburé pour rattraper ensuite son erreur (au final on a couru plus qu’un marathon !).
Etre dernière relayeuse (sur le 7,185km) c’est l’excitation (l’attente depuis 2h30 en voyant tout le monde courir) mais aussi un énorme stress de ne surtout pas décevoir son équipe. Le coach m’avait dit qu’on était actuellement 3ème. J’ai donc pris le passage de relai en sachant que nous pouvions faire un podium mais en n’ayant aucune indication sur la position de la 4ème, était-elle loin ? Allais-je me faire rattraper ? Des questions laissées sans réponse… au moment où j’ai pris le départ. Quand nous courrons, nous oublions tout. Notre cerveau se met en mode off, et nous courrons tout simplement.
Je dois dire que cette course n’a pas été facile pour plusieurs raisons :
- La première déjà mentionnée : le stress ;
- Etant aux Championnats de France, le nombre d’équipes était limité (car il faut non seulement être dans un club FFA mais aussi avoir été qualifié pendant l’année en cours par un précédent Ekiden), du coup en position de 6ème relayeuse autant dire que j’ai couru quasiment seule (toutes les équipes masculines avaient déjà terminées, il restait quelques équipes mixtes, et au niveau féminin, la deuxième était déjà devant). Donc courir sans repère (à l’époque j’avais seulement une montre la plus basique avec le chrono), seule, sous la chaleur et sans vraiment de supporters (surtout pendant la partie en plus de 2,185km) ce n’est pas facile … Lorsque je me suis faite doubler par un mec d’équipe mixte je l’ai accroché pour avoir un but et ne pas rester seule ;
- La fameuse montée : le coach m’avait précisé que dans mes 2,185km j’aurai une petite montée. Hum la petite montée qui se transforme en grosse montée d’1km !!
Bref sur le dernier km toutes les filles et les mecs du PUC étaient là à m’encourager, à m’hurler dessus ! Maëlle a même eu la force de courir une petite partie avec moi en me criant « il y a une fille pas loin derrière, sprint ». « T’inquiète, c’est une fille d’équipe mixte ». Pas du tout, c’était une réelle concurrente, donc heureusement qu’elle m’a boostée !
Pour finir par une joie immense de franchir la ligne d’arrivée et de se faire sauter dessus par mes 5 autres coéquipières. Puis de monter sur le podium… Un grand bonheur !

Le deuxième : Ekiden de Paris : novembre 2017
Nous avions clairement une revanche à prendre par rapport à l’année précédente. En effet, pour l’Ekiden de Paris en novembre 2016, sur le parcours le long des quais et au pied de la Tour Eiffel, il y avait deux blessées dans l’équipe (dont moi, blessure de 3 mois) on n’a pas fait la course, pas de qualification aux France, donc pas de remise en jeu de notre place de 3ème aux France 2017.
La team PUC élite était de retour et en pleine forme (avec des nouvelles recrues suite aux départs de certaines) pour en découdre !

Je pense clairement que ce qui fait une bonne équipe est que nous étions soudées, à nous encourager du début à la fin. En parlant de début, je ne parle pas du top départ, non, mais de tous les moments aux entrainements sur la piste, de rigolade, de soutien et de cohésion. Je parle également de la mise en condition : échanger sur la course, donner des conseils à celles qui ne l’avaient jamais faite, reparler de l’histoire de Laurène qui avait pris le parcours à l’envers… Pendant la course c’était également les encouragements de la team mais aussi des autres mecs du PUC (il y avait trois équipes masculines). Pour toutes ces raisons, le podium était là devant nous à portée de main et nous l’avons fait !
Et oui, notre cohésion d’équipe a été dument récompensée par un beau podium puisque nous terminons première féminine de club FFA et deuxième féminine au général en réalisant un temps de 2:53:10 (record par rapport aux France 2016) et nous nous qualifions aux Championnats de France d’Ekiden.
Personnellement, j’étais sur le 10km, où j’ai battu mon record personnel en 42’52, comme quoi tout donner pour sa team nous permet de nous transcender.
Vers le 7eme km quand cela devient difficile je me suis dit « stop Gab arrête de penser, tu ne souffres pas, profite, pense que l’année dernière tu étais trop mal de ne pas courir. » Tu regardes droit devant toi, tu penses à autre chose en admirant le paysage (allez meme le tunnel était beau !), tu arrêtes de penser à ces ponts qui te cassent les jambes et tu penses aux séances de côtes du coach du dimanche matin. La tout de suite tout est devenu plus facile !
La course c’est aussi se soutenir dans l’adversité, notamment pour notre capitaine d’équipe, Maelle, qui s’est sentie mal à la fin de son relais (elle faisait le finish). Apparemment elle pensait que la fin était un pont avant donc elle a commencé à sprinter bien trop tôt (en même temps il y a tellement de ponts à Paris !)
Petite touche d’humour : suite aux France 2016 et le parcours à l’envers de Laurène, nous nous étions dit plus jamais ça ! Du coup cela faisait au mois 2 semaines que Maelle nous expliquait le parcours en long en large et en travers (en imprimant même le parcours)… au final elle rate un pont. L’erreur est humaine. Rien est écrit tout peut arriver et on ne sait jamais à quoi nous attendre…

Le troisième à Pau : avril 2018
Changement de décors à Pau, mon nouveau chez moi, et sous le déluge (non il ne fait pas toujours beau dans le sud-ouest !).
Course absolument pas prévue, inattendue et avec des coéquipières que j’ai découvertes le jour de la course ! Mathilde que je connaissais seulement via instragram m’a proposé d’intégrer son équipe suite à un désistement de l’une des coéquipières. Je prenais donc sa place pour le 1er relai de 5km, ce n’est jamais simple « d’ouvrir le bal », d’une part parce que je n’avais jamais fait de 5km officiel de ma vie et d’autre part parce qu’il faut donner l’impulsion, montrer que l’équipe existe face aux autres.
Pas très en forme physiquement et moralement, j’ai laissé mon cerveau dans la boue (ça tombait bien il y en avait beaucoup) et j’ai tout donné pour mon équipe en sautillant dans les flaques et en finissant toute boueuse.
En 4ème position sur le début du parcours, je suis passée 2ème, pour terminer 3ème juste à la fin (on se talonnait avec la 1ère et 2ème). Mon chrono de 5km : 20’47.
Encore une fois un Ekiden génial, une équipe au top, avec des filles qui n’ont rien lâché malgré les conditions difficiles et des encouragements !
Au final une 6ème place féminine, bonne performance pour une équipe amatrice (les premières équipes sont des clubs), avec le sourire et toutes bien dégueulasses de boues !!!
Je vous laisse aussi regarder l’article de ma coéquipière Charlotte, qui nous fait revivre l’Ekiden en direct, comme si on y était !
A quand le prochain ? Normalement aux Championnats de France d’Ekiden à l’automne avec ma team du PUC.