Un sommet italien Piz Boé à 3120m d’altitude, Dolomites, Italie

Par la vallée de Colfosco. Avant toute chose je tiens à préciser que cet itinéraire est vertigineux, risqué et qu’il est préférable de s’équiper de cordes (que nous n’avions pas !). Il existe un autre itinéraire par une autre vallée plus facile.


Ce préambule terminé, nous partions directement de notre hôtel situé à Colfosco vers 9h15 (oui nous ne sommes pas super matinaux mais bon ce sont les vacances !)


Directement une montée. C’est simple nous commencions à 1700m et le sommet est à 3120m, donc 1400m de dénivelé positif d’un coup !

Pour information sur la carte IGN c’est le tracé 651. Et en bas il y a un panneau indiquant 4h pour le Pic.


Très belle montée abrupte à l’ombre le long d’une longue cascade, avec de grands pics nous dominant !


Nous avancions à un bon rythme et nous étions quasiment seuls. Je dis quasiment car nous avons doublé une italienne, qui n’avançait pas super vite (ou peut être que c’est nous qui avons un bon rythme). J’ai dit à Guilhem « regarde c’est abusé son mec est tout la bas, il ne l’attend même pas »! Je parle de ça car après nous avons bien rigolé (enfin pour l’italienne ça devait être moins drôle).

A un moment il y a un panneau indiquant le refuge Pisciadu Cavazza par la droite, où le chemin est bien tracé. Mais nous avons continué tout droit dans le pierrier.

 
La montée était toujours agréable, progressive et à l’ombre.


Nous avons doublé l’italien, la deuxième personne que nous croisions dans cette montée ! Puis il nous a redoublé car pause photo pour nous hahah ! Bref sa copine était vraiment hors de vue, genre très très loin ! Peu de temps après il était arrêté, au téléphone, en haut parleur, en train de se faire engueuler par l’italienne !!! Mais j’avoue la pauvre, il l’amène dans une montée de 1400m D+ et ne l’attend même pas ! D’autant plus quand on sait comment se termine la montée ! Mais ça il avait bien dû éviter de lui préciser !


En fait nous avons rencontré 3 personnes mais ils descendaient. La fille s’est arrêtée pour nous dire qu’en descente elle avait eu peur, que c’était dangereux et qu’elle s’était écorchée la cuisse. Bref ça ne m’a pas vraiment mise en confiance !!


Du coup lorsque nous sommes arrivés à la cheminée et devant l’énorme névé, je me suis rassurée comme je pouvais. Enfin ça ne m’a pas paru trop compliqué ! Au début nous sommes passés par la neige, car la pente n’était pas encore trop raide.


Au moment où c’est vraiment devenu très raide, l’italien (qui n’avait toujours pas attendu son italienne, à notre avis elle avait fait demi tour !) nous a dit de passer par les roches.
Guilhem a pris mes bâtons et est resté derrière moi. Je n’étais pas super sereine, au moins j’avais un petit sac contrairement à deux jours auparavant, j’ai bien respiré et j’ai escaladé…
Quelques petites frayeurs car la roche s’effritait, donc on a pris notre temps pour monter.
Nous y sommes arrivés et j’ai dit « je ne redescends pas par là », un peu comme un chat, il monte mais ne sait pas redescendre !


Une dame a dû entendre ma pensée très très fortement puisqu’en arrivant au niveau du refuge de Boé Bambetgerhutte (2900m) un monde de folie. On s’est demandé comment tous ces gens avaient pu arriver là ! Nous avons compris ensuite. Bref c’était juste sublime avec des canyons incroyables ! Nous avons admiré tout ce que nous avions grimpé ! Au moment de faire des photos une italienne nous a proposé de nous prendre tous les deux. Nous avons un peu discuté et je lui ai dit que j’avais eu bien peur et elle nous a montré sur notre carte que nous pouvions faire le tour pour descendre par un autre versant ! Quel soulagement dans ma tête !

J’insère un commentaire d’une personne qui a grimpé par ce versant un an après nous. Il me semble important de mettre en garde :

 » Un ami et moi avons emprunté le chemin 651 hier (11 août 2022) et les conditions étaient très différentes de celles décrites dans cet article.

Je conseille TRES VIVEMENT de vous renseigner sur l’état du névé final avant de vous lancer dans cette ascension.

Effectivement lors de notre passage le névé avait presque entièrement fondu, laissant apparaître un glacier surmonté d’un pont de neige.

Impossible donc de monter comme décrit dans cet article, nous avons du escalader la partie sur la gauche (si vous prenez la photo où Guilhem nous fait face dans le névé, nous avons escaladé le ressaut de gauche).

Mon ami et moi avons de très bonnes bases en escalade donc c’est passé mais c’était très exposé avec de la roche très friable et une chute d’une bonne dizaine de mètre en cas d’erreur…

Pour conclure je conseille TRES fortement de :
1) vous renseigner sur l’état du névé final
2) vous équiper de la bonne manière c’est à dire crampons et piolet si le névé est praticable
3) si le névé n’est plus praticable et que vous n avez pas le vertige, emprunter les chemins 666 jusqu’au refuge Cavazza puis 676 et enfin 649
4) si le névé n’est plus praticable et que vous avez le vertige, partir de Arabba
« 


C’était reparti pour la dernière montée par l’autoroute. C’est limite si les gens sont en baskets, des gens où l’on se regardait en se demandant mais comment sont-ils arrivés à 3000m ??? Explication très simple : il existe un télésiège qui mène les gens à 2900m par une autre vallée ! Forcément faire 200m de dénivelé positif, c’est easy, pas besoin d’être en baskets ou chaussures de rando hahah ! C’est quand même bien dommage car au sommet c’était noir de monde. Pour moi un sommet doit se faire avec un certain goût de l’effort. Arriver fatiguée, avec une belle fatigue en se disant qu’on a mérité cette vue de folie. Là c’était différent je n’ai pas ressenti cette belle satisfaction. J’étais presque plus satisfaite en arrivant de notre dernière partie de montée horrible !


Au final nous sommes arrivés au sommet en 2h30 (merci le panneau annonçant 4h !)

Nous ne nous sommes pas éternisés au sommet au milieu de 10000 personnes (nous avons quand même cherché l’italienne, peut être que son copain lui avait dit de monter par le télésiège hahah).


Du coup on s’est posé un peu plus loin sur les crêtes pour manger un snicker, bien mérité ! Sur les crêtes nous étions seuls au monde !

Guilhem avait vu sur la carte un chemin en pointillé (ça n’inaugurait rien de bon !), pour redescendre par les crêtes. Nous descendions, nous descendions sans trouver le chemin qui devait être sur la gauche. Au loin j’ai vu les cordes, puis le chemin. J’aurais mieux fait de me taire et de dire tant pis on remonte, et on redescend avec tout le monde !
Nous sommes donc passés par les cordes, mais ça va je n’ai pas eu peur et ce n’était pas très long.



Pour rejoindre le refuge à 2900m il restait juste un pierrier, et hop nous déjeunions !! Franchement les refuges italiens c’est clairement un cran au dessus des français !


Après avoir bien rechargé les batteries c’était reparti ! Il faisait bien bien chaud, pourtant on était à 2900m, pas du tout d’air !


Nous avons donc, à mon grand soulagement, évité de redescendre par là où nous avions grimpé ! Pour info, nous avons suivi le chemin 666 (faut pas être superstitieux, en tout cas moi j’adore, ça m’a porté bonheur, c’était mon numéro de dossard sur mon premier IM !)


Franchement c’était magique. Nous étions de nouveau seuls. Bah oui les gens redescendent par le télésiège, d’ailleurs pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ??!!

 
Il y avait des canyons de partout, fabuleux ! Je n’avais jamais vu cela en montagne ! Incroyable ! Les dernières fois ou j’avais vu de tels paysages c’était dans le désert de Goby et dans le désert en Australie. Bref ouffff !!


Nous avons un peu monté, nous avons pris plein de photos (pour changer !!). A ce moment là, Guilhem m’a mis un quota photo. Plus de photo jusqu’à la fin de la randonnée ! Pas simple !

Puis descente dans la caillasse. J’étais contente car en descente je n’avais quasiment plus mal à ma cheville, faut croire qu’elle s’habituait au terrain de jeu italien ! Quelques passages scabreux avec des lignes de vie, mais facile comparé à ce qu’on avait fait auparavant !


Vue magnifique sur le lac Pisciadu (2600m), Oups j’ai repris une photo !!


Tentative de se baigner, nous avons juste mis les pieds, elle était vraiment gelée genre moins de 10 degrés. Je pense que j’aurais pu me baigner mais à 17h, et sachant qu’on avait encore toute la descente dans la vallée (donc sans soleil) j’ai eu peur d’avoir froid en ne séchant pas ! Depuis le début du voyage je parlais espagnol, bon je me disais que les italiens pouvaient comprendre. En tout cas Guilhem ne me comprenait pas haha. Il y avait deux mecs qui se baignaient et j’ai commencé à leur baragouiner un truc en espagnol, et bah j’ai bien fait car c’était des espagnols !!


Il nous restait encore 900m de dénivelé négatif et nous voulions arriver pour 18h pour profiter du spa de l’hôtel (qui ferme à 19h). Donc nous avons pas mal tracé, enfin sauf dans les parties « escalades » (chemin 676 sur la carte, en gros si vous avez suivi c’est le chemin qui partait à droite au début de la montée du matin indiquant le refuge Pisciadu). Sublime sublime sublime avec tous les pitons rocheux autour de nous !


Donc une descente bien raide.

 
À la fin nous avons retrouvé la bifurcation, du coup la première partie de la montée du matin. Et surprise nous avons retrouvé l’Italienne attendant son italien !! Hahha je rigole !!


La fin de la descente a été assez rapide car très roulante ! Évidemment nous sommes arrivés bien avant l’indication sur le panneau au refuge au lieu de prédiction. A 18h15 nous étions au spa à profiter du sauna et hammam face aux montagnes que nous venions de gravir. Une belle récupération…

4 réflexions sur “Un sommet italien Piz Boé à 3120m d’altitude, Dolomites, Italie

  1. Ping : Un périple italianno ! – Gobynette

  2. Simon Canterino

    Bonjour,

    Un ami et moi avons emprunté le chemin 651 hier (11 août 2022) et les conditions étaient très différentes de celles décrites dans cet article.

    Je conseille TRES VIVEMENT de vous renseigner sur l’état du névé final avant de vous lancer dans cette ascension.

    Effectivement lors de notre passage le névé avait presque entièrement fondu, laissant apparaître un glacier surmonté d’un pont de neige.

    Impossible donc de monter comme décrit dans cet article, nous avons du escalader la partie sur la gauche (si vous prenez la photo où Guilhem nous fait face dans le névé, nous avons escaladé le ressaut de gauche).

    Mon ami et moi avons de très bonnes bases en escalade donc c’est passé mais c’était très exposé avec de la roche très friable et une chute d’une bonne dizaine de mètre en cas d’erreur…

    Pour conclure je conseille TRES fortement de :
    1) vous renseigner sur l’état du névé final
    2) vous équiper de la bonne manière c’est à dire crampons et piolet si le névé est praticable
    3) si le névé n’est plus praticable et que vous n avez pas le vertige, emprunter les chemins 666 jusqu’au refuge Cavazza puis 676 et enfin 649
    4) si le névé n’est plus praticable et que vous avez le vertige, partir de Arabba

    Il serait bon de compléter cet article avec ces informations, en l’état il est malheureusement trompeur est dangereux (bien que ce ne soit pas le but recherché, je n’ai aucun doute là dessus).

    Bonne balade!

    Simon

    J’aime

    1. Bonjour merci Simon pour ton retour d’expérience ! C’est vrai que j’avais mis en garde sur la dangerosité mais pas assez par rapport aux conditions d’enneigement. M’autorises tu à intégrer une partie de ton commentaire dans mon article car il me semble important de mettre en garde ? Merci, Gabrielle

      J’aime

      1. Simon

        Bonjour Gabrielle,

        Bien entendu tu peux intégrer mon retour d’expérience dans ton article, c était me but.

        A bientôt sur les névés 😜

        Simon

        J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s