La suite de nos retrouvailles/challenges avec mon papa (première partie les Ecrins ici).
Alors ce Mont Blanc un mythe ?!
Après deux jours de break, bien mérités, suite aux trois jours dans les Ecrins, nous étions en plein forme ! Enfin, mis à part nos petits pieds, mais bon comme dirait mon père, on n’allait pas s’arrêter à des ampoules. D’ailleurs j’ai repensé à ses pieds lorsque je douillais sur le GR20, car clairement il avait beaucoup plus d’ampoules que moi lors du Mont Blanc, ça saignait, mais il n’a rien dit. « Souffrir sans se plaindre », je crois que c’est un peu notre devise, enfin c’est comme cela qu’il m’a élevée.
Cette fois, contrairement aux Ecrins, nous n’étions pas seuls (ça c’est sûr), deux amis de mon père étaient aussi de la partie (ils sont guides de haute et moyenne montagne), plus on est de fous, plus on rit non ?
Je dois dire une chose : nous avons eu une chance de malade. Comme je l’ai expliqué, je n’étais dans les Alpes que pendant 10 jours, nous avions fait les Ecrins 3 jours, il nous fallait 2 jours de repos, donc la fenêtre météo pour l’ascension du Mont Blanc était assez serrée. Certains viennent à Chamonix pendant plus d’une semaine et n’ont pas la possibilité de le faire à cause de la météo, donc là cela s’est trop bien goupillé.
Allez c’est parti pour revivre les deux jours afin d’atteindre le plus haut sommet d’Europe.
1er jour :
Départ tôt (encore !!), car de chez mon père nous avions environ 2h de route. Le matériel était identique à celui des Ecrins, avec un peu moins de nourriture vu que c’était seulement deux jours.
Nous avons pris le petit train de Chamonix pour rejoindre le départ du parcours. Nous avons donc commencé à 2200m d’altitude vers 11h. Il faisait déjà pas mal chaud. Assez rapidement nous avons mis les grosses chaussures (aie !), car déjà de la neige !

Rapidement nous avons bifurqué, car un des potes de mon père nous a dit qu’il connaissait un chemin moins fréquenté, qui coupait un peu. Je m’en souviendrais de ce détour !!!!! Heureusement qu’on avançait vite, mais clairement cette bifurcation nous a bien rallongés, en plus il n’y avait pas de chemin, nous étions complètement dans la caillasse, et sous le cagnard , et on s’est à moitié perdu !! Sympa les super conseils de ses potes haha ! Après c’est certain, il n’y avait vraiment personne !! En tout cas, ça nous a pompé de l’énergie pour pas grand-chose.
Nous avons pique-niqué quelque part pendant notre super raccourci !!
Arrivés à un premier refuge que l’on a passé rapidement. Puis arrêt pipi dans la neige (être avec que des mecs quand même parfois c’est drôle, ou pas, surtout quand ils prennent mes fesses en photo haha), mais je dois dire que le cadre était plutôt sympa !
Passage assez dangereux, d’une parce qu’il y a des chutes de cailloux et de deux parce que passage de névé abrupt, donc faut rester très vigilant. Mon père a pris la tête et comme d’habitude j’ai suivi.
La dernière partie avant d’arriver au refuge du Gouter est de l’escalade, j’ai un peu le vertige donc j’évite de regarder en bas. De toute façon je n’avais pas le choix, il fallait suivre, sinon ils me traçaient !!
Nous sommes arrivés au refuge du gouter, à 3815m d’altitude, en fin de journée et au moment où des nuages apparaissaient pour boucher la vue.
Je ne sais pas comment ce refuge est maintenant, mais il me semble qu’ils l’ont encore agrandi, en tout cas à l’époque, j’ai trouvé qu’il y avait trop de monde (après tout le monde ne fait pas l’ascension du Mont Blanc). Dans notre dortoir, il y avait 90 personnes, et attention j’étais la seule fille (non non ce n’est pas une blague), je vous laisse donc imaginer la fanfare de ronflements !! Les mecs me regardaient presque comme s’ils n’avaient jamais vu de fille, et certains m’ont regardée du genre « pfff jamais elle ne va y arriver cette petite » !! Mon père m’a dit « ne fais pas attention à eux, demain tu vas tous les doubler » haha en plus c’était le cas. Comme on dit, ne jamais se fier aux apparences, j’étais peut être maigrichonne, mais la petite n’était pas seulement venue pour le doux son de vos ronflements les gars !!
Ce soir-là j’ai reçu un message de ma petite maman pour m’encourager (oui oui le réseau captait au refuge, assez bizarre d’ailleurs…) : si tu arrives au sommet, je t’offre des nouvelles Ray ban (cf la perte dans la falaise aux Ecrins). Une motivation en plus !!!
Diner, puis dodo tôt (comme un bébé, encore merci les boules quies haha).


2ème jour :
Le réveil le plus tôt : 2h30. Normalement à cette heure-là j’étais même pas couchée mais en train de faire la fête !!
Nous sommes partis dans les derniers avec mon père, hahah lui non plus n’est pas du tout du matin (à croire que c’est de famille ?!) à 3h30. Les potes de mon père, Seb et Manu, sont partis plus tôt que nous.
Donc de nuit, à la frontale, encore une ambiance que j’aime. On ne voit rien, et on laisse notre imaginaire nous guider…
A partir du début jusqu’à la fin nous n’avons fait que doubler, on avançait vraiment bien. Mon père me demandait de temps en temps si je me sentais bien, comme on avait passé plus de 4000m. Niquel, pas du tout le mal des montagnes, vraiment de la chance, car on en a vu des gens vomir, saigner du nez, qui ne pouvaient plus avancer. Mon père m’avait prévenue, on peut être très bien préparé physiquement, être sportif et pourtant ne pas y arriver à cause du mal des montagnes.
Un peu après, nous avons vu les premières lueurs du soleil, incroyable, c’était trop trop beau… J’adore les levers ou couchers de soleil de tout façon… C’était merveilleux. J’ai essayé de faire abstraction du monde autour de nous, car il y en avait des groupes !! On a continué à doubler, j’ai bien vu que mon père était content que je sois en forme et qu’on puisse bien avancer.
A un moment, mon père a voulu qu’on s’arrête pour que je mange, je n’avais pas faim, je ne voulais pas prendre de barre, il a insisté en me disant que c’était important car en altitude on ne ressent pas forcément la faim et que je devais prendre des forces pour la dernière ligne droite. Comme je suis butée, je n’ai pas voulu manger, haha on a tous les deux un fort caractère !!
Mais le pire c’est qu’il avait raison car peu de temps avant d’atteindre le sommet, j’ai dit à mon père : « papa je me sens un peu faible, on peut s’arrêter pour que je mange ». « Non, nous sommes sur la crête, c’est dangereux de s’arrêter, tu ne m’as pas écouté, c’est de ta faute ». Point. Donc j’ai avancé en profitant du paysage à couper le souffle…
Nous sommes arrivés au sommet, tellement heureuse de l’avoir fait, mon plus haut sommet à ce moment-là (4815m) (depuis j’ai été à plus de 5000m) !! Nous étions clairement sur le toit du monde, vraiment on a l’impression de tout dominer. Le seul truc qui gâche un peu, est que nous n’étions pas du tout les seuls !! Seb et Manu étaient déjà au sommet, on a profité tous les 4, en regardant la luminosité du petit matin changer.

Un souvenir incroyable. Un truc fou quand même de se dire que pour mes 20 ans, je venais de faire l’ascension du Mont Blanc avec l’un des hommes le plus important de ma vie…
Et vous savez quoi ? Ma maman m’a offert mes Ray Ban, que je porte encore aujourd’hui hihi !! Mes Ray Ban du Mont Blanc !!
Vers 7h du matin, nous avons commencé la descente… Il ne fallait pas trop tarder, sinon la neige devient un peu trop molle.
Magique d’admirer tout ce que nous avions gravi.
La descente est moins intéressante, on a plus trop la motivation car on sait que c’est pour rentrer à la maison. En plus mes ampoules me faisaient mal, en montée aucune douleur mais la descente, un peu plus compliqué. Et nous avions quand même 2500m de dénivelé négatif à faire !

A un moment, c’était trop bien, comme la neige devenait de plus en plus molle, Seb a proposé de faire la technique toboggan. En gros, on descend sur les fesses, et on frêne grâce à notre piolet. Faut quand même être prudent, car on prend très vite de la vitesse et la descente et très pentue. Ca nous a bien fait gagner 1000m en moins et on s’est vraiment bien marré !!
Nous avons fini à pied, et juste avant d’arriver nous avons eu la chance d’observer un bouquetin.
Voilà c’était déjà terminé…
Pour être tout à fait honnête avec vous, j’ai aimé l’ascension du Mont Blanc mais pas autant que les Ecrins, que j’ai trouvé juste ouf. Beaucoup plus sauvage, moins touristique, pas du tout l’autoroute… Le Mont Blanc, c’est le mythe. Lorsque l’on pense à un sommet emblématique, on visualise le Mont Blanc, des gens du monde entier viennent s’y frotter… C’est vrai c’était incroyable, mais clairement je pense que les endroits plus sauvages méritent plus le détour, c’est mon humble avis… Même cela est à nuancer. Évidemment lorsque l’on se trouve au sommet, c’est juste incroyable… En regardant la vidéo que j’avais prise à l’époque je me dis que j’ai vraiment vécu quelque chose de beau, de grand et que j’ai eu beaucoup de chance.

Par ailleurs, je n’ai pas trouvé cela difficile… Quand j’y repense je n’étais pas super bien préparée physiquement et pourtant le Mont Blanc et les Ecrins se sont fait facilement… C’est peut être aussi que maintenant je peux comparer avec des choses beaucoup plus difficiles que j’ai pu faire.
Surtout et avant tout, je garde un souvenir extraordinaire de ces sommets du Mont Blanc et dans les Ecrins puisque depuis ce jour, nous avons retrouvé le lien que nous avions perdu… Ce fût de magnifiques retrouvailles avec mon papa…

Ping : Petit souvenir de l’ascension du Mont Blanc et du Dôme des Ecrins. Partie 1 : Les Ecrins – Gobynette