Pour deux passionnés de sport et de voyage, il était temps de tester le voyage itinérant à vélo, et nous n’avons pas été déçus, loin de là (vous en jugerez par vous-même en lisant l’article).
Notre choix s’est assez rapidement porté sur la Corse, toutes les personnes qui avaient fait le bike trip corse avaient adoré. Nous avions seulement 8 jours pour faire la traversée de la Corse, soit plus de 800kms et 12500m D+. C’était clairement un beau défi et comme j’aime les défis, il était à porté de mains (ou de jambes). Pour mémoire, j’ai fait le GR20 il y a quelques années en 8 jours, le but étant de comparer quelle traversée est la plus difficile, à pied ou à vélo ? Réponse à la fin de cet article !

En outre, nous avons décidé de partir hors saison, en octobre. Nous avons eu une météo parfaite (sauf un jour), assez doux et surtout nous étions vraiment solos partout, notamment sur les routes ! En outre, à cette période, les prix des logements sont bradés. Nous avons effectivement fait le choix de dormir en hôtel/auberge et non en tente d’une part pour éviter d’avoir trop de poids à porter sur les vélos (cf la partie sur le matériel) et d’autre part car à cette période, la météo peut être incertaine.
Avant de commencer jour par jour notre itinéraire, je fais un point rapide sur l’entrainement, ainsi que sur notre matériel et sur les choix (surtout les non choix) que nous avons faits.
Entrainement :
Pour ceux qui connaissent mon blog, je suis très sportive et j’ai déjà fait un IronMan. Cependant, au cours de l’année 2024 j’avais peu roulé (contrairement à mon copain qui roule un peu toute l’année). Il fallait donc que je me réhabitue à rouler sur des longues périodes et en fatigue.
Du coup, début septembre 2024, j’ai repris le vélo. Heureusement, comme je cours beaucoup habituellement, j’avais la forme physique. Nous venions de déménager dans les Alpes de Haute Provence, et nous avons pu découvrir des endroits incroyables grâce à nos sorties vélo.








Du coup de début septembre à notre départ en Corse (11 octobre) mes semaines se déroulaient de la manière suivante :
- 2 séances de course à pied (avec une séance sur piste en club)
- 1 séance de renforcement
- 1 soir en semaine 1h30/2h de vélo après le travail (comme les jours sont encore longs à cette période)
- Week-end vélo : généralement une petite sortie le samedi de 45/50km et le dimanche sortie longue de vélo de plus de 100km avec pas mal de dénivelé. La sortie longue permettait aussi de prendre des barres et gels pour habituer le corps à manger pendant l’effort.
Voilà, je suis passée de quasiment rien à environ 200km de vélo par semaine, ce qui était plutôt bien. Si la traversée de la Corse me faisait peur début septembre, ce n’était plus le cas une semaine avant de partir notamment avec la charge et les belles sorties dans les jambes.
Matériels :
Nous avons fait le choix de voyager au minimum et franchement nous avions eu de la chance par rapport à la météo car en affaire de rechange nous avons une petite tenue d’été.
Mon vélo : Specialized Tarmac, tout en carbonne, ultegra electrique, en 50-34, cassette 11-32. Ce qui me permet d’être vraiment à l’aise dans les cols. Guilhem a aussi un Specialized Tarmac. Je ne connais pas ses spécificités, je sais juste le prix donc j’imagine qu’il est très bien haha


Sur le vélo :
- Une sacoche Apidura à l’arrière de mon vélo de 17L : vraiment top top !! En plus c’est un peu la sacoche de Mary Poppins, j’ai pu mettre beaucoup de choses en seulement 17L. Le seul bémol, elle grinçait lorsque j’étais en danseuse, mais je remets aussi la faute sur moi (je n’avais pas bien décollé le sticker que l’on met sur le vélo en triathlon)
- Une toute petite sacoche avec ma nourriture de la journée (barres et pates d’amande)
Dans ma sacoche : franchement ça a été difficile mais grâce à mes randos j’arrive à voyager de plus en plus au minimum :
- J’avais une tenue de vélo de rechange (en gros j’avais que deux tenues sur les 8 jours : cycliste, brassière, chaussette, maillot de vélo et mon kway que j’avais sur moi dans une des poches de mon maillot de vélo) ;
- Une robe d’été (oui j’avais misé sur le beau temps, du coup c’était ma tenue « propre » que je mettais une fois douchée) ;
- Un leeging (notamment pour le soir en altitude c’était mieux que ma robe d’été !) + un tee-shirt normal ;
- Un pyjama très léger donc seulement un haut ;
- Sous-vêtements (je n’avais pas pris de soutien-gorge) + une paire de chaussette propre ;
- Paire de tong (oui c’était ma seule paire de chaussure en dehors de mes chaussures de vélo, du coup le soir en altitude, j’ai fait la technique tongs chaussettes !
- Une mini doudoune et heureusement que je l’avais pris car le soir à cette période il fait vite très frais ;
- Mes lunettes de vue pour le soir ;
- Tousse de toilettes : tout en miniature : dentifrice, brosse à dent, produits lentilles, crème solaire. Pas besoin de savon ni shampoing car nous étions logés le soir.
Voilà c’est tout dans ce sac de Mary Poppins ! On a réussi à laver nos affaires de vélo donc c’était pratique !
Guilhem avait en plus une petite sacoche devant le vélo de 14L, où il avait pris toutes les barres (on avait fait le stock avant de partir et on n’a pas dû en acheter donc on avait bien prévu), le produit pour mettre dans un de nos bidons et quelques trucs en plus pour réparer le vélo (chambre à air, rustine etc).
Allez c’est parti pour ce tour de la Corse !
Jour 1 – 11 octobre – Bastia St Florent – 105 km – 1300 mD+
Après une traversée en bateau de nuit (départ de Toulon), nous débarquions à Bastia à 7h30. La nuit fut courte pour moi, à cause du bateau, donc je me disais que ce serait une longue journée…


Petit dej dans un café, de quoi nous donner des forces pour la journée.
A 9h, grand départ pour 800 km, en 8 jours ! Cap sur le Cap Corse… un bon gros vent… Nous avons longé la mer, c’était plutôt plat et sublime. Au début, dans les environs de Bastia, il y avait encore pas mal de circulation puis, progressivement, nous étions seuls !


La partie Est s’est faite assez rapidement et nous sommes arrivés à Macinaggio (35 km). Nous étions quasiment à la pointe mais il n’y a plus de route, il faut bifurquer dans les terres.


Une petite montée bien progressive, incroyable, j’ai lâché Guilhem dans la montée ! Il faut dire que ma sacoche, remplie à fond mais de manière minimaliste était bien plus légère que ses deux réunies. Et Monsieur avait un rhume et, un homme «malade» c’est la fin du monde ! Cela n’arrivera sans doute plus jamais que je sois devant, donc c’est ma petite fierté ! Surtout, je me sentais en forme.


Nous étions sur les hauteurs, c’était magnifique, puis nous sommes arrivés sur le versant ouest, ça soufflait de ouf. Heureusement, j’avais ma sacoche pour faire du poids en plus, sinon je m’envolais !


Ce côté du Cap : plus falaises, c’était incroyable, avec des petits villages perchés.
Globalement, la route serpentait dans la falaise, montait puis descendait mais ce n’était pas de longues montées. On ne s’en rendait limite pas compte.


Vers 12h30, nous commencions à avoir faim et ça tombait bien car, en passant par le village de Canari, nous avons découvert un charmant restaurant avec une vue magnifique : O Lampari. Avec le vent, il faisait un peu frisquet mais nous étions au top et c’était trop bon. Mention spéciale pour la tarte citron en dessert.
Nous avions déjà fait 67 km et il était temps de repartir sur nos vélos. La route fut tout aussi incroyable et, comme la matinée, quasiment aucune voiture sur les routes.





Petite pause au charmant village de Nonza (87 km), avec vue imprenable sur une très belle plage. Pendant que Guilhem gardait les vélos, je suis montée en chaussures de vélo (pas pratique) à la tour : superbe vue sur le village et la côte. En revenant, j’ai trouvé l’amoureux qui dormait sur un banc ! Top la garde des vélos…









La dernière partie fut rapide et roulante. Au final, on avait fait un peu de dénivelé mais sans trop s’en rendre compte.

Nous sommes arrivés à l’hôtel La Florentine vers 16h, ce qui nous a permis de nous poser. Il y avait une piscine mais avec le vent, ça ne donnait pas envie.


Ma mère et mon beau-père étaient également en Corse en même temps que nous : sur le bateau et hôtels pour les deux premières nuits, tout cela sans se concerter lors des réservations… assez incroyable ! Petit resto le soir mais pas fameux et bien moins bon que celui du midi.
Jour 2 – 12 octobre – St Florent Calvi – 118 km 1700 D+
Réveil magnifique face à la mer puis petit dej également face à la mer. J’en ai profité pour prendre un mini pain aux raisins, en prévision du vélo… C’était parti pour une longue journée !
Départ à 9h30 sous le soleil. Nous avons pris une petite route direction Calvi et qui montait progressivement. C’était superbe et ça commençait à devenir un peu montagneux !





Mes parents nous ont doublés en voiture au bout d’une heure, on avait pris de l’avance !
Passage du col de Bozza Di Vezzu (300 m) puis descente dans le désert des Agrigates.


Ensuite, nous avons emprunté une route magnifique pas du tout fréquentée, avec une belle montée progressive.
Je suis tombée presque à l’arrêt en déraillant au changement de vitesse et, comme j’ai de nouvelles chaussures de vélo et de nouvelles cales, je n’ai pas réussi à me décrocher. Heureusement, Guilhem a pu en partie me rattraper. Mon genou a un peu saigné, le même que d’habitude !
Passage par le magnifique village de Novella et nous étions seuls… ça montait jusqu’à 500 m puis descente encore sur une petite route pas très bien entretenue car caillouteuse. Qui dit descente dit remontée… je crois bien que, pendant cette partie, on n’a croisé personne si ce n’est des vaches !





Arrivés à Bocca di San Colombanu (700 m), nous n’avions fait que 50 km et quasiment tout le dénivelé de la journée. Belle redescente avec vue mer et quelques villages.



Déjeuner à Belgodère (63 km), charmant petit village : une belle place, un resto décoré de bric et de broc face à l’église. Petit plat corse typique et dessert à la châtaigne. Cette pause bien méritée nous a fait le plus grand bien !



Puis c’était reparti en pleine digestion. J’ai eu un peu de mal d’ailleurs, j’avais l’impression d’avoir le ventre comprimé… C’était plat et très agréable, avec le passage de magnifiques villages et vue mer. Franchement, on se régalait même si je commençais à trouver que c’était long…



Dernière partie montante en prenant la direction de Calenzana pour atteindre un col (environ 500 m d’altitude) avec vue sur la baie de Calvi.

Enfin proches du but, on avait déjà 95 km dans les jambes… mais non, peu de temps après alors qu’un panneau indiquait Calvi 14 km, nous avons pris la direction opposée ! C’était au niveau du ravissant village de Montemaggiore.
On a donc rajouté deux villages et 25 km en plus pour atteindre Calvi !


Bon, les deux villages étaient beaux : Zilia et Calenzana. Calenzana m’a permis de me rappeler le départ du GR 20 en 2018… ça remontait !
Arrivés bien KO à Calvi, après 120 km de vélo.

Très bel hôtel (Onda), nous nous sommes reposés un peu dans la chambre puis direction le centre ville, en passant par la plage, à deux pas de notre hôtel, pour rejoindre ma mère et découvrir la citadelle by night et la vue sur la ville.



Petit resto top avec spécialités corses : la Pizzeta.
Et dodo bien mérité !
Jour 3 – 13 octobre – Calvi Porto – 83 km 1200 m D+
Journée vraiment magnifique, déjà en ouvrant les rideaux avec le grand ciel bleu puis le petit dej de folie !
Départ vers 10h, en passant par le centre de Calvi puis en longeant la côte ouest. Avec la lumière du petit matin, c’était vraiment magique. La route est sinueuse et plutôt plate, avec vue mer tout le long.


J’étais émerveillée, j’ai rarement vu une route aussi belle. Je sentais aussi mon corps un peu plus fatigué, avec les jambes un peu lourdes et, surtout, un peu mal au ventre comme si je n’arrivais pas à digérer depuis la veille.





On a continué vers une route encore plus sinueuse qui montait progressivement et, pendant au moins 5 km, le revêtement était assez mauvais.
A l’embranchement pour aller à Galeria, j’ai mangé ma madeleine au nut, même si manger cela n’allait pas vraiment arranger mon mal de ventre ! Nous avons vu Galeria de loin mais aucune envie de faire plus de km !
Nous avons continué vers Porto, sur une belle route dans la verdure, montant progressivement, avec de la roche ocre tout autour de nous.


Nous avons atteint le col de Bocca di Palmarella à 400 m. La vue était juste magique ! Encore une fois, quasiment personne sur cette route !


Descente progressive dans un cirque, j’ai vraiment adoré cette route. Nous avions une vue imprenable sur la mer.
Nous avons mangé une planche charcuterie/fromage dans le petit village de Curzu, à 10 km de notre destination. En plein soleil, j’ai même eu chaud…





Dernière montée, encore une route sublime puis descente sur Porto. En arrivant sur les hauteurs, nous avons pu admirer ce petit port, entouré de la calanque.
Arrivés à Porto vers 14h30.



Mes parents avaient déjeuné à Porto, on a donc pu leur faire un coucou, avant qu’ils continuent leur route.
Hôtel les Flots Bleus : chambre vue mer, très belle terrasse, un peu vieillot mais bien placé. Globalement, nous nous sommes reposés. Je voulais me baigner mais, avec mon mal de ventre et la plaie au genou, je suis, raisonnablement, restée sur le transat…

Balade dans Porto en fin de journée, c’est charmant. On voulait monter dans la tour mais c’était déjà fermé. Petit coucher de soleil sur la plage et lumière incroyable sur la ville. Resto très sympa, nous étions quasiment seuls.








C’est fou, à cette période de l’année, hors saison, c’est parfait.
Jour 4 – 14 octobre – Porto Corte – 90 km 1900 D+
Réveil avec vue magnifique. Petit dej vue mer mais moins bon que la veille. J’ai quand même pris un pain aux raisins, pour le col.
Puis, vers 9h30, nous partions pour une ascension de 33 km, pas d’échauffement, direct la montée ! Il faisait grand beau temps, vraiment les conditions idéales.
Dès le départ du col, c’était trop trop beau, on a croisé des cochons et chèvres sauvages sur la route.


Puis, progressivement, nous sommes rentrés dans un cirque, avec des montages partout, en roches roses, c’était sublime. On a doublé trois cyclistes, ils étaient vraiment très chargés les pauvres. Il y avait des châtaigniers à profusion.





J’ai adoré cette partie, c’était tellement beau qu’on est passé du panneau 18 km au 23 km, sans même s’en rendre compte !
Au bout d’1h30, nous avons fait une micro pause avec vue pour manger notre viennoiserie. Puis c’était reparti pour la montée qui s’est faite un peu plus raide, en passant par un petit village puis dans une magnifique forêt, avec les belles couleurs ocres de l’automne.


Après 33 km de montée, nous arrivions au col de Vergio (1476 m) bien contente d’être arrivée même très contente car j’avais bien les jambes !
Finalement, plus on roule, plus ça passe et on a les jambes pour avancer. (gardez en tête cette phrase pour la journée de demain !)


Durant la fin de la montée, un léger voile s’est formé dans le ciel et, au loin, dans les montages, du brouillard. Il faisait même un peu frais. Très longue descente en forêt où Guilhem m’a beaucoup attendue, tellement je suis lente en descente, j’admire le paysage !
Nous avions fait 60 km et nous voulions manger…
1er village : mort de chez mort avec une vache en plein milieu.



2ème village : Calacuccia. On a arpenté le village deux fois car tous les restos étaient fermés… Au tout début du village, on nous a dit qu’au bout il y avait un resto d’ouvert, ouf nous allions manger et nous avions faim ! Pizza… même si elle n’était pas ouf, je l’ai quand même mangée.
On a revu un mec du bateau (le seul qui était aussi en vélo) qui faisait aussi la traversée de la Corse, trop drôle de le croiser dans ce village !
Puis, nous avons continué la descente dans un endroit vraiment incroyable : les gorges de Tavignano, c’était tellement beau, j’ai adoré.



Je me suis arrêtée plusieurs fois pour prendre des photos, pendant que Guilhem attendait… un des beaux moments de la journée.


Dernière montée de la journée, c’était toujours voilé, ça montait progressivement pendant 5/6 km, c’était moins beau que le col mais sympa avec les montagnes environnantes.
Puis nouvelle descente sur notre fin d’étape à Corte : grande ville, je m’attendais à un village…
Nous avions loué un gîte un peu à l’extérieur de la ville, avec une mini montée pour y accéder.

Maison San Giovanni : tellement apaisant avec un grand jardin, des transats, des chatons, une charmante chambre et un hôte très accueillant et sympa. Il était tôt et nous avons pu nous reposer. Puis un excellent dîner préparé par notre hôte avec entrée/plat/dessert. J’ai goûté le sanglier et j’ai beaucoup aimé !
Il nous a régalé d’anecdotes sur sa vie… et c’était un chouette échange.
Après cette belle étape, il était temps de prendre des forces pour celle du lendemain, encore plus compliquée !
Jour 5 – 15 octobre – Corte Col de la Vaccia – 110 km 2500 m D+
Après une bonne nuit réparatrice, un petit dej et hop, ça repartait. Direct une montée avec un col, ce fut un peu laborieux car ma sacoche était mal mise, du coup elle faisait du bruit, c’était insupportable, on s’est arrêté plusieurs fois. Il faisait un temps splendide et ça se dégageait sur les montagnes, magnifique.
1er col fait jusqu’à Venaco. Franchement, j’avais mal aux jambes de la veille.


Au niveau du village, il fallait prendre une route sur la gauche et j’ai bien cru qu’on était descendu trop bas, j’ai eu peur mais non, nous étions sur la bonne route. Belle descente en pleine nature.
Au niveau d’un pont (Vecchio), nous avons tourné à droite. Il y avait une belle vasque et des gens se baignaient, ça donnait presque envie.
Et c’était reparti pour le 2ème col de la journée, en passant par le beau village de Noceta, encore un village un peu mort… C’était quand même hard, surtout qu’il faisait bien chaud, nous avions déjà fait 900 m en D+ depuis le départ.


Ensuite, une très longue descente, j’avais déjà mangé pendant la montée et, pourtant, j’avais trop faim et je sentais que je manquais d’énergie, donc j’ai pris 2 mini snickers ! A la fin de la descente, petite route montante mal entretenue.


Départ pour le 3ème col, très long de 25 km, en passant par les belles gorges de l’Inzecca.





Je sentais que ça allait être hard, je manquais encore d’énergie mais le paysage était tellement beau que j’ai continué à pédaler.
Arrêt au village de Ghisoni, dans le seul resto d’ouvert où le patron nous a dit «je n’ai rien sur la carte à part la planche charcuterie/fromage». Go alors !


On a croisé un gars qui était méga chargé, il nous a expliqué qu’il était parti pour un mois, en mode tente etc. Son vélo pesait 30kg, franchement respect. Après la pause ravito, il restait 17 km de col, ça allait et il y avait des parties plates.
Comme la veille, nous étions en forêt avec les belles couleurs d’automne, c’était vraiment superbe.


Arrivés au col de Verde (1270 m) j’étais bien rincée. Les jambes avaient envie de repos mais il fallait encore continuer.
Une très longue et belle descente et, comme d’habitude, Guilhem m’a attendue, je suis apparemment trop lente en descente… Plus on descendait, plus il faisait chaud.
Passage par un premier mignon village puis arrêt à Zicavo. On avait déjà fait 97 km et nous étions sur nos vélos depuis quasiment 5h. J’étais KO et là j’ai vu le panneau «col de la Vaccia 15 km», ça m’a mis un coup au moral. Guilhem a trouvé une petite épicerie ouverte et il a acheté un kinder surprise et des bonbons.


Surtout que, lorsque Guilhem a planifié l’itinéraire, nous devions nous arrêter à Zicavo. J’étais chargée des logements mais je n’avais rien trouvé de top, par contre j’avais repéré l’auberge du col de la Vaccia qui avait l’air hyper sympa. J’étais donc responsable des kilomètres en plus… et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même… Mais la récompense a été au-delà de mes attentes.


Le col s’est finalement fait assez rapidement car pas de gros % et l’arrivée avec la lumière de fin de journée était magnifique. L’auberge est superbe, surplombant les montagnes.



Tellement heureuse d’arriver et fière de tout le parcours du jour et des derniers jours. Il y avait un autre couple et nous. Puis des amis du gardien de l’auberge, Antoine, nous ont rejoints. Apéro et châtaignes grillées, après avoir vu un milliard de châtaigniers durant la journée !
Excellente ambiance et très bon dîner avec une grande tablée : raviolis au brocciu pour moi, j’adore… On avair presque veillé tard, une grosse journée nous attendait donc dodo !


Jour 6 – 16 octobre – Col de la Vaccia Porto Vecchio – 113 km 1400 m D+
En ouvrant les rideaux : pluie ! On s’en doutait au regard de la météo… Petit dej puis on a pris notre temps pour nous préparer.
En partant vers 10h, il ne pleuvait plus mais la route était détrempée.

Grosse descente : la vue sur les montagnes était bien bouchée mais c’était quand même beau avec les nuages. Un peu froid dans la descente mais on s’est bien réchauffés sur les petites parties de montée.
On est vite arrivés à Zonza au bout de 30 km, on a vu les aiguilles de Bavella au loin et on avait l’impression que ça se dégageait !
C’était parti pour le col de Bavella (10 km), une pente progressive en forêt et, vers la fin, c’était un peu dégagé sur la montagne mais pas sur les aiguilles de Bavella.


En arrivant au col (1250 m), gros brouillard, pas de vue sur les aiguilles.
Je connaissais déjà l’endroit pour y être allée quand j’avais 20 ans puis au passage de mon 8ème jour sur le GR20 (souvenir de souffrance…) Grande descente assez raide, j’ai eu mal aux mains à force de freiner ! De ce côté là, c’était dégagé sur les montagnes, avec l’ambiance un peu mystique de la montagne.



Après la descente, petite montée et, comme la veille, je sentais que je commençais à manquer d’énergie. Du coup, j’ai pris deux barres alors que j’avais déjà mangé 30 mn plus tôt !
On a eu un peu de crachin breton… puis encore une longue descente, c’était superbe !
Ensuite, c’était à moitié du faux plat montant (mini descente pour arriver à Solenzara au moins 10 km).



On est enfin arrivés à Solenzara, au bout de 70 km, on a trouvé un resto pas ouf du tout mais on avait faim…
On repartait sous le ciel gris et les nuages bas (pas de pluie mais une route détrempée). Il y a plus de 20 km sur une portion inutile et passante, en mode longue ligne droite avec montées/descentes.
Au lieu de continuer sur cette route pas ouf, 20 km avant d’arriver à destination, on a pris une route avec passages bord de mer et en traversant des villages, nettement moins fréquentée. C’était plus agréable même si j’en avais un peu marre, surtout que la vue n’était pas très dégagée.
Arrivés à notre hôtel, à Porto Vecchio, au bout de 113 km, j’avais clairement mérité un bain mais non, pas de bain alors que j’en avais rêvé ! Bon tant pis…

En tous cas, la douche a fait le plus grand bien !
Un peu de repos, puis dîner à Casa Corsa avec spécialités corses, très très bon !
Jour 7 – 17 octobre – Porto Vecchio Sartène – 103 km 1700m D+
Réveil sous un ciel très couvert, aussi bouché que la veille.
Petit dej puis, hop, à 9h30 nous partions, après avoir enfilé mes chaussures mouillées de la veille, horrible ! Le taux d’humidité était très élevé, comme en Guyane ! Il faisait même chaud et nous avons été vite trempés.
On a fait le cap en passant par Palombaggia où il y a de belles demeures.
Belle vue sur mer mais pas super dégagée, avec les nuages bas. Puis, on a suivi une petite route, avec une côte de malade, à gros, gros %. Plus nous montions, plus nous étions dans le brouillard !



A Sotta, nous avons récupéré le tracé du GT20 qui ne passe pas par Porto Vecchio ni les aiguilles de Bavella mais qui descend direct de Zonza, ça aurait fait beaucoup moins de km, mine de rien…
D’un coup, ça s’est dégagé, avec soleil et nuages donc, pour Guilhem, il faisait encore moche, alors que, pour moi, il faisait beau et j’adore ce temps.
On a pris un grand axe pas très intéressant, pendant quelques kilomètres, puis une petite route avant d’arriver à Bonifacio ! Surprise, la ville était ensoleillée, c’était superbe. Je connaissais déjà et j’avais vraiment beaucoup aimé cette ville perchée sur la falaise.




Nous sommes montés à la vieille ville sur les hauteurs, nous étions à plus de 60 km et une pause dej s’imposait.
Petit resto sympa et visite de la vieille ville rapido, avec nos chaussures de vélo…




C’était reparti par une route assez passante.
Nous longions la mer, avec de belles éclaircies, et de l’autre côté, des petites montagnes.




Belle montée le long de la mer, sur une route en lacets, pour atteindre Roccapina (très belle vue).





La route s’engouffrait dans les terres, avec une descente puis une montée, on était en pleine campagne, ça changeait complètement !
Arrivés à l’auberge vers 16h et, pile à ce moment, il a un peu plu ! Nous étions à Orani, un village juste avant Sartène. Petite cabane au calme, très très chouette, en pleine nature.
Petit jacuzzi qui a fait le plus grand bien à mes muscles, un peu trop contractés. Il pleuviottait…
Puis détente et coucher de soleil superbe, en feu, et de l’autre côté, un arc en ciel car il pleuvait un peu, c’était trop beau.


Sympathique resto de l’auberge, on a pu sécher nos affaires de vélo, au coin du feu !
Jour 8 – 18 octobre – Sartène Ajaccio – 98 km 1200 D+
Dernier jour ! Réveil au milieu de la nature, dans notre petite cabane, tellement apaisant… il faisait beau…
Petit dej et hop nous partions pour la dernière étape. Un peu de montée, puis descente, de nouveau une montée et nous arrivions au charmant village de Sartène. Petites rues et petites maisons en pierre, trop mignonnes.






Grande descente pour atteindre Propriano, sur cette portion nous étions sur un grand axe donc pas mal de voitures. Puis nous avons pris la route qui, globalement, longe la mer. C’est une petite route sans voitures, parfait.
Nous sommes passés par de charmants petits villages.



Guilhem m’avait dit que la dernière journée c’était plutôt plat mais pas du tout, ça ne faisait que monter ! Après, la vue sur la mer et les petites montagnes environnantes était vraiment dingue. Pour le dernier jour, on en prenait vraiment plein les yeux.


En passant le petit col de Canniccio, ça y est, nous apercevions Ajaccio !

Nous roulions depuis déjà 60 km et nous avons traversé le charmant village d’Acqua Doria, sur les hauteurs, vue mer et sur notre destination finale. Nous en avons profité pour déjeuner. Puis c’était reparti avec une belle descente pour atteindre une très jolie petite baie.


Après le village de Portigliolo, montée raide et rapide, vraiment raide, surtout qu’il faisait chaud ! Cette partie m’a fait penser au Var, avec la côte, les plages et le littoral pas mal construit.
Arrêt bien mérité pour une baignade sur la belle plage de Mare e Sole, il n’y avait personne, le kiff et l’eau était chaude, autour de 20°, c’était très agréable.





Ensuite, ce fut plat, le long de la mer.
Aux abords d’Ajaccio, c’était de plus en plus construit et industrialisé, du coup, il y avait une circulation dense.
Petite péripétie en arrivant sur Ajaccio, la route n’est pas du tout adaptée aux vélos car, à un moment, nous n’avions pas d’autre choix que de prendre la nationale ou un petit chemin de terre. Sinon, il fallait faire un détour par les hauteurs !
Bref, nous avons pris le petit chemin de VTT, je n’étais pas très à l’aise mais c’est passé.
Et nous avions atteint notre but !



Grande fierté d’y être arrivée… deux mois avant le départ, cela me semblait impensable mais, en m’entraînant, j’ai su que je pouvais en être capable et je l’ai démontré !
Une expérience vraiment incroyable, un voyage autrement en alliant sport et découverte.
Merci pour tous les paysages de folie. Merci à mon petit corps de m’avoir permis de tenir tous les jours même si ça n’a pas toujours été facile (le corps est incroyable je le dis souvent d’ailleurs). Merci à nos vélos (car aucun problème matériel, même pas une crevaison). Merci à la météo (juste un jour de crachin breton et le reste la folie). Merci à cette période sans touristes et les routes solos. Merci la Corse, merci pour l’accueil, la nourriture (qu’est ce qu’on a mangé), et les muscats pétillants tous les soirs. Mais surtout merci à l’amoureux pour cet itinéraire de folie
Ps : on a préféré la Corse du Nord
PS 2 : Vivement le prochain Bike Trip !
PS 3 : le GR20 est bien plus difficile que le GT20 !
Pour les chiffres : 8 jours, 820kms et 12500 mD+, et mes deux jambes une peu fatiguées !